"The future belongs to those who live in the now."

 

(lu dans le métro, Dubaï)

Actualités

ouvrage illustré à commander

contact@phledru.fr

20 Euro + frais de port

ou

Librairie olympique

23 rue Rode Bordeaux

05 56 01 03 90

 

visites d'atelier, renseignements, commandes

contact@phledru.fr

 LEDRU VOYAGE ECRIT AUSSI

Deux ouvrages : GERMANITUDE, une biographie franco-allemande

 

LE PETOCASC

 

Et pour voir ses travaux, sur toile, sur papier, ses carnets de voyage, VISITES (guidées) de l'atelier

23 rue Rode

33000 BORDEAUX

Sur rendez-vous

non stop

à des heures raisonnables !

AUTEUR

MANCELLES < JOURNAL INTIME +

la vérité si j'mans, mans décembre 2002

PLASTOCHE

 

Le Père Noël de plastique n'est toujours pas venu à bout de la bûche qu'il essaie tous les ans de scier, piqué par un pâtissier en pleine mer de crème beurrée chocolatée. Le champignon meringué a été donné au petit dernier. Le Joyeux Noël en pâte d'amande pour la Tante Fernande qui raffole de la pâte d'amande. Elle devrait faire attention, Fernande, il y a des gens qui peuvent manger tout ce qu'ils veulent et restent minces comme des allumettes. Mais bon, c'est pas la fête tous les jours à la maison, faut bien mourir de quelque chose et c'est pas un petit bout de pâte d'amande qui va etc. Ah, la bûche, on est sûr que c'est Origine France, avec l'invasion du bison polonais, du mouton néo-zélandais, on n'a plus de Noël français. C'est qu'ils sont malins dans les grands magasins. Ils mettent des trucs comme 'empaqueté en France', mais c'est fabriqué en Hollande. Un gigot de mouton australien, il est peut-être découpé et mis en barquettes en France, il demeure toujours australien et on sait pas ce qu'elles mangent leurs bêtes. Pour les jouets, la Tante Fernande, elle a été très vigilante. Devant l'impossibilité d'acheter français puisque tout est chinois ou taiwanais, elle a bien fait attention à ce que les cadeaux soient bien faits par des enfants de plus de six ans. C'était marqué sur la poupée, sur le ballon, elle a bien fait attention. Il ne faut pas exploiter les enfants, et puis, au prix qu'ils vendent leurs ballons, ça empêcherait qu'ils deviennent des mendiants. La Tante Fernande est restée allongée toute la journée. Tous les ans, elle a une crise de foie. C'est pourtant pas ce petit bout de pâte d'amande qu'elle a mangé. Mais c'est sûrement le mouton que là-bas ils avaient mal congelé.

UN POIL SUR LA MOQUETTE

 

Aujourd'hui, c'est la journée ménage. Ménage en grand, nettoyage de printemps entre deux fêtes. Ce n'est pas raisonnable entend-on dans tout l'appartement. Oui, Papa, 81 ans, deux alertes à son actif, revenu il y a tout juste un mois de la clinique, papa-aspirateur depuis 60 ans de vie conjugale accomplie, papa-escaladeur de tables pour changer les ampoules, papa-à-quatre-pattes pour dénicher les derniers mitons coincés entre les pieds de la table de salle à manger là où même l'aspirateur le plus sophistiqué a refusé d'aller. Papa-descendeurs de packs Volvic à la cave, remonteur de sacs à litière pour le chat. "Michel, surtout fais pas d'efforts 1" Ca c'est Maman. Maman qui est titulaire d'une hernie discale, opérée l'année passée, sujette à des vertiges chroniques, Maman qui néanmoins se baisse à longueur de journée, passe le tapis au peigne à poux afin de repérer les derniers poils de chien qu'elle met en boule et qui ressemblent ainsi à un énorme lapin angora. Le plus simple serait sûrement de raser le chien. Après la traque aux poils, Maman, quatre-vingt ans se vautre dans la cuisine à la recherche de rognures de nourriture qui avaient eu l'outrecuidance de passer au travers du balai conventionnel. La spatule, employée autrefois pour les crêpes de la Chandeleur -"aujourd'hui, j'ai plus le courage" -rend là, entre gazinière et réfricongélateur, un sacré service. Aujourd'hui donc, 29 décembre, ce n'est plus Noël. Ce n'est pas encore la Bonne année. C'est la journée où il faut tout ranger. Car à partir de demain, voisines et voisins risquent de passer présenter leurs bons voeux de voisin, le facteurs, les éboueurs et les sapeurs vont venir faire la manche pour leurs calendriers. Alors, il faut que tout soit propre. On n'est pas des podagres. On a toujours eu une maison bien rangée. Ce qui est pénible avec toutes ces visites de voisins -"Oh remarquez, on voit jamais personne" -et de semelles crottées, c'est que ça fait tout de même des saletés. Et comme le 1er janvier, on est invités, il faudra attendre le 2 pour nettoyer.

 

 

CYBERCAFE

 

 

Costumes-cravates ou survêtements, élégants décontractés ou bien faisant semblant, les hommes. Insignifiantes, voilées dans leurs têtes, peut-être, le pied qui joue des castagnettes, elles se la jouent plutôt cool, les femmes. Rivé(e)s à l'écran qui les unit. Petits carrés colorés, profils aux formes voluptées, arquées, cambrées, les hommes. Petites têtes avec texte alignées en défilé, les femmes. Les hommes et les femmes cherchent. Les hommes pour aujourd'hui, les femmes pour la vie. Les hommes et les femmes du cybercafé ne se sont dit ni bonjour ni au revoir. Ils ne mangent pas du même pain, ne partagent pas les mêmes valeurs. Chacun son écran et les vaches sont bien gardées. C'est plus prudent. Les hommes et les femmes ont sûrement un écran à la maison. Mais avec les enfants... Et puis, les papas et mamans ne savent pas toujours manier cookies et historiques gênants et encombrants, tous les net, com et www compromettants.

NOELS BLANCS

 

Heureusement, dans les carols et chants de Noe!, il existe des noëls blancs. Des vents d'hiver pour les gens qui aiment ça, de la neige qui fait de blancs manteaux. Heureusement, il existe les illuminations qui donnent un air de fête dans les rues des centre-villes. Dans les banlieues, on incendie des voitures, ça éclaire encore plus et puis, dans les banlieues on ne met pas d'illuminations. Heureusement qu'on nous bassine, toutes chaînes confondues, avec des histoires de blanc en Russie ou en Finlande, car ici, tout est gris. Les maisons sont déjà grises du 1er janvier au 31 décembre. C'est la couleur locale, alors, avec ces temps de Toussaint qu'on a tous les Noëls, cela n'arrange rien. Mais c'est d'un triste, ce centre-ville qui se force à faire la fête alors qu'il reste triste irrémédiablement. On dirait qu'il fait comme si. Il fait des efforts, mais alors, à la moindre pluie, fatal ! La débâcle. Ce serait à aller se jeter dans la Sarthe si l'on était sûr de ne pas se jeter à côté, car, comme la rivière n'est pas dans le Centre-ville, elle n'est pas éclairée. Les boutiques de sarbacanes, paillettes et autres cotillons doivent ici, plus qu'ailleurs, faire de bonnes affaires pour égayer les réveillons, car pour égayer toute une population, c'est qu'ici, il y a fort à faire, et tous les ans, on rempile, on se donne un mal de chien, alors que ça ne sert à rien. Morose, Le Mans s'ennuie. Immanquablement.

POIVRE ET SEL

 

Bon, d'accord, écrire au jour le jour, des petites histoires de tous les jours ne fera jamais une grande et belle histoire d'amour. Pas de grands sentiments, ni héroïsme ni destins flamboyants. Que reste-t-il à dire de si important qui ne soit déjà écrit dans toutes les langues, conseils pour l'avenir, des choses que l'on referme car elles ne sont pas dans la couleur du temps. Si les gens et le monde devaient changer par rapport à ce que d'illustres esprits ont couché sur papier toute leur vie, les gens du sud auraient autant à manger que les gens du nord, les Américains se tiendraient tranquilles en s'interrogeant comment dans dix ans ils vont cohabiter avec la Chine, les Turcs seraient depuis belle lurette dans l'Europe ; quant aux guerres des ethnies, on aurait dit depuis longtemps : Ça suffit ! Quand on pense à toutes ces belles et tragiques histoires d'amour, on devrait maintenant, depuis Phèdre, Chimène et Marguerite Duras, savoir comment s'y prendre pour garder l'être aimé avec la même intensité. Tous devraient pouvoir filer le parfait amour. Et cependant, rien de tout cela. On s’entre tue en changeant les étiquettes, on se remarie, on se dépacse, se sépare, se trope et se rafistole depuis des siècles. Alors contentons-nous de petites histoires poivre et sel, à croquer toutes crues sans arrière-pensées, et surtout, surtout sans -mais alors rien -attendre d'elles que ce qu'elles ont à donner. Bonnes ou médiocres, de la littérature, un truc de la culture.

PUTAIN DE SCOTCH

 

Ce putain de scotch qui ne colle pas. Dix ans d'âge. Il est bien conservé puisqu'il ne sert qu'une fois dans l'année. Et chaque année, il déchaîne les foudres des empaqueteurs de dernière minute, agenceurs de bouts de papiers dépareillés pour envelopper les derniers cadeaux-catastrophe qui entretiennent l'amitié avec des invités à qui -merde -on avait pas pensé. Des chocolats trop gras que l'on aime pas, des boule-crème Nivéa qui donnent mal à l'estomac et qu'on nous a donné parce qu'à Noël tous les ans on fait comme ça, des bouquins qui ne nous intéressent pas et tous les tire bouchons, réveils électroniques et autre machins made in China et qui nous servent à rien. Les invités auxquels on n'avait pas pensé servent au moins de vide-greniers, ils nous évitent de bourrer étagères et placards, avec des trucs qui rendent malades ou nous la gonflent profond, où l'on n'a pas la place, la moindre des choses, c'est de leur faire un paquet et le 25 au matin, les papetiers, ils sont fermés. Alors, il faut bien se résigner à ressortir ce putain de scotch qui ne colle pas, un dévideur édenté qui déclenche tout ce que l'on ne peut pas dire quand ils sont arrivés, les invités avec leurs paquets rafistolés que les collègues ou es voisins leur ont donné. Oh, c'était pas la peine, vous avez fait encore des folies, ah non, trop c'est trop (et que c'est laid, en aparté). On s'en fout, on les refourguera pour le Premier janvier. Et puis, le rituel, la ritournelle sempiternelle. Comment t'as pu deviner? J'en ai toujours rêvé. C'est le genre de choses que ne s'achète pas! Tant pis pour les calories. C'est pour tous les jours Noël. Froissements de papiers, les paquets éventrés, massacrés, un vrai carnage, c'était pas la peine de se faire chier avec le scotch qui collait pas. Ça sent la bougie parfumée mêlée à l'after-shave qu'on a ouvert juste pour sentir ce que ça sent, on en aurait presque mal au cœur surtout qu'on a goûté à tous les chocolats, prenez des miens, non, des miens, bon, alors, un de chaque etc. On se raconte les histoires des Noëls passés, de ce que l'on a mangé l'année où Untel est né et même qu'on avait été malade parce que tu te souviens etc. Le rituel, la ritournelle, sempiternelle quoi. et qui se termine toujours par 'Encore un Noël de passé'. Demain ce sera la queue dans les magasins pour échanger les chèques-cadeaux, les tailles trop grandes ou trop petites, les trucs qu'ont des défauts. Voilà, un jour pour respirer et puis l'on entamera l'ère des antiennes de bonne et heureuse année. Ah, cette année, c'est décidé, je n'envie pas de cartes sauf à ceux qui m'en envoient. Et ça recommence comme avant. Les bonnes intentions pour arrêter de fumer. Rituels et sempiternelles ritournelles.

MI TEMPS

 

Les bouchers, charcutiers, boulangers pâtissiers sont HS complet. Ils ont eu le dimanche et le lundi pour se reposer. Maintenant, il y a la bonne année à affronter. Deuxième mi-temps et même combat. Les foies, canards et homards de la dernière chance. On frise les dates limites de vente. Le premier janvier les cours du chapon vont chuter. Dans les rayons des hypermarchés, chocolats et gésiers seront sacrifiés. De bonnes affaires en perspective pour ceux qui aiment jongler avec les produits un soupçon périmés. Dans la rue, les gens ont l'air triste, les gosses étrennent leurs vélos neufs, les papas et mamans sont terrorisés. Un accident est si vite arrivé A voir le nombre de gens attablés dans les cafés, on croirait qu'il vient d'y avoir un tas de petits couples qui viennent de se séparer. Des gens de tout âge mal rasés, pas rasés, blouson-anorak velours pas repassés (elle a dû se casser avant), godasses éculées. Des gens qui ont fêté tout seuls. Des monoparentaux. Des sans-famille, des en rupture de. Des anti-Noël par principe ou idéologie. Les anti-Noël par nécessité, contraints et forcés. Ceux aussi pour qui le réveillon dans la maison de quartier ou au restaurant d'un cœur quelconque s'est terminé de bonne heure pour que les bénévoles puissent aussi faire la tète en famille. Dans les bureaux, ça doit papoter, comparer, exhiber, se lamenter, échanger recettes et comprimés, parler foie, crise de, cuit, mi-cuit, bloc saumon origine Ecosse, Norvège, élevage aux farines animales. De toutes façons, Noël, ce n'est plus comme dans le temps. On n'en fout pas la ramée, on est venu pour pouvoir profiter de congés quand les autres seront rentrés, quand ce sera moins cool puisque dans l'entre-deux-tètes, il n'y a quasiment rien à faire, si ce n'est de faire la fête avec les collègues dans des assiettes en papier. Pas un seul coup de fil à passer et, elle, la fille du courrier, elle est en vacances. Alors tout peut attendre. "On verra ça l'année prochaine, ah ah !" Bon, c'est pas tout cela, demain, ce sera encore un jour entre deux eaux et mercredi, il va falloir repenser sérieusement à la seconde mi-temps -oh ! cette année, on ne fait rien, on est invité, pas de cuisine à préparer, mais on ne sait toujours pas ce qu'on va leur acheter. Et puis d'abord, on n'a pas les mêmes goûts et puis, avec des fleurs coupées, on et sûr de ne pas se tromper.